La déconnexion volontaire : retrouver l’essentiel au bord de l’eau
- Christophe Courtois

- 20 oct.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 nov.
Quand tout devient trop vite
Il suffit parfois d’observer une seule journée pour comprendre à quel point notre monde a accéléré. Les visages sont pressés, les gestes mécaniques, les esprits saturés d’alertes et de chiffres. Nos vies se mesurent désormais en pourcentages de batterie, en notifications, en stories éphémères. Et au milieu de ce tumulte digital, une question revient comme une onde persistante : à quel moment avons-nous cessé d’écouter ?
Alors, certains d’entre nous cherchent autre chose. Un silence, une respiration, une parenthèse. Et c’est souvent au bord de l’eau que cette quête trouve son refuge.

Le lac, ce miroir de l’âme
Dès les premières lueurs du matin, lorsque la brume danse sur la surface et que tout semble encore endormi, le pêcheur de carpe retrouve une vérité oubliée : celle du calme. Le monde numérique s’efface. Plus de bruit, plus d’urgence, plus d’écran. Seulement le souffle du vent, le chant des oiseaux, le murmure des vaguelettes contre la berge.
Face à ce miroir liquide, on se redécouvre. La surface du lac reflète autre chose qu’un simple paysage : elle reflète l’état intérieur de celui qui la regarde. Les pensées s’apaisent, les tensions se dissolvent, le cœur ralentit. Dans ce silence, l’homme cesse de lutter. Il redevient présent, vivant, simple.
L’art de ralentir
La pêche de la carpe n’a rien de spectaculaire pour celui qui la regarde de loin. C’est une succession de gestes lents, de silences, d’attentes. Mais pour celui qui la vit, chaque minute porte une intensité rare.
Planter les piques, amorcer, lancer, observer…Chaque geste devient un rituel presque sacré.Le corps agit, mais l’esprit s’apaise. On n’est plus dans la performance, on est dans la présence. Ce moment où l’on cesse de chercher à tout contrôler pour simplement accueillir ce que la nature offre.
C’est cela, la déconnexion volontaire : un choix. Celui de ralentir quand tout pousse à aller plus vite. Celui d’écouter le vent plutôt que le fil des réseaux. Celui d’être là, totalement, sans écran entre soi et le monde.
L’eau, une mémoire du temps

L’eau garde en elle la mémoire des saisons. Elle a tout vu, tout traversé, sans jamais juger ni retenir. Le pêcheur le sait : elle se mérite; Elle ne livre ses secrets qu’à ceux qui savent attendre.
En se confrontant à elle, il apprend la patience, mais aussi la modestie. Car la carpe, indifférente à nos calculs et à nos désirs, nous ramène toujours à l’essentiel :la nature ne se dompte pas, elle se comprend. Et cette compréhension passe par l’observation, le respect et la lenteur.
Se retrouver par le dépouillement
La déconnexion volontaire n’est pas une fuite. C’est un retour. Un retour vers soi, vers ce qu’on est vraiment quand tout le reste disparaît. Le confort, le bruit, les écrans, les masques sociaux : tout cela n’a plus d’importance ici.Le bord de l’eau nous déshabille de ce qui est superflu.
Dans la simplicité d’un bivouac, d’un café brûlant au petit matin, d’une brume qui s’efface sur la surface du lac, on retrouve des émotions oubliées : la gratitude, la paix, la présence.
La nature devient alors une boussole silencieuse. Elle nous enseigne sans parler. Elle nous montre sans démontrer. Elle nous reconduit doucement vers ce que nous avions perdu : la capacité d’exister pleinement, ici et maintenant.
Le luxe du silence

Il n’y a pas de plus grand luxe que celui du silence. Un silence habité, profond, vivant. Ce moment suspendu où le monde extérieur cesse d’exister et où l’on ressent la beauté brute du réel. Chaque frémissement sur l’eau, chaque rayon qui perce les arbres devient une révélation. On comprend alors que la paix n’est pas un endroit à atteindre, mais un état à retrouver. Et que cette paix-là ne s’achète pas. Elle se mérite, au prix d’un peu de solitude et de beaucoup d’écoute.
La connexion authentique

Ironie du temps moderne : il faut parfois se déconnecter pour se reconnecter vraiment. Reconnexion à la terre, à la lumière, aux cycles, à la vérité du vivant. Mais aussi à soi-même.
Au bord de l’eau, on ne ment plus. Il n’y a pas de filtre, pas d’artifice, pas d’algorithme pour trier nos émotions. Il n’y a que l’instant, et la sincérité avec laquelle on le vit.
Et cette sincérité-là, le monde digital ne pourra jamais la reproduire.
Citation de clôture :
“Déconnecter du monde, c’est parfois le seul moyen de s’y reconnecter autrement — avec le cœur, le regard et le silence.”— Christophe Courtois, Carp Collect’Or
Et vous ?
Et vous, quand avez-vous choisi pour la dernière fois de déconnecter volontairement, pour simplement écouter l’eau, le vent… et le battement discret de votre propre vie ?


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