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Fédération Départementale à la loupe_ La Vendée, à l’initiative des premiers parcours de pêche nuit

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

La Vendée figure parmi les premiers départements français à avoir autorisé la pêche de nuit, dès les années 1990, sur les lacs servant de réserves d’eau potable. Plus de trente ans après, l’engouement ne faiblit pas : les parcours de nuit connaissent toujours un beau succès, portés par une communauté de passionnés et des linéaires toujours étendus.


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Mais aujourd’hui, face à une fréquentation croissante et à la cohabitation avec d’autres usagers des berges, les enjeux de préservation et de respect prennent toute leur importance. Si certaines incivilités persistent, il est à craindre que ces précieux parcours ne soient remis en question. La Fédération de Pêche de la Vendée reste pourtant pleinement mobilisée pour préserver, valoriser et défendre la pratique de la pêche de nuit sur son territoire.


L’Aube d’une pratique l’égalisée

L’interdiction de la pêche de nuit en France ne date pas d’hier, ni du siècle dernier. Rappelons-le, avant de devenir majoritairement une pêche de loisir après la guerre de 1914-18 et plus encore à compter des Trentes glorieuses, ce fut avant tout une pêche alimentaire et de subsistance. Les sources se recoupent autour de l’ordonnance de Colbert au XVIIe siècle qui prenait déjà des mesures pour interdire la pratique de la pêche à certaines périodes, frai, ou notamment la nuit, en raison d’un risque de diminution de la ressource piscicole de certaines espèces. Le code Napoléonien fait état également d’une interdiction de navigation et de pêche de nuit en moyen de pression à la contrebande de sel à l’époque. (Article complet sur la pêche de nuit - Média Carpe N°180)


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Dans les années 80, la pêche de la carpe connait un essor grandissant et notamment la pratique de la pêche de nuit pourtant interdite jusqu’à présent.

En Vendée (85), le tournant a lieu en 1993, grâce à l’action visionnaire de M. Braconnier, alors président de la Fédération et huissier de justice. Passionné, il milite pour l’ouverture de secteurs de nuit, d’abord localement, puis à l’échelle nationale, en mobilisant la FNPF.

Son engagement porte ses fruits : d’autres parcours voient rapidement le jour ailleurs en France. Mais après son mandat, le sujet est mis en veille sur le département... jusqu’en 2005.

 

2005 : la naissance du Collectif Carpe 85

Cette année-là, la fermeture du secteur de nuit du lac d’Albert, suite à des comportements irrespectueux (feux au sol, déchets, abattage d’arbres…), marque un tournant. Les clubs locaux se mobilisent, la Fédération écoute. Sous l’impulsion du directeur Arnaud Tanguy et du nouvel administrateur Thierry Pothier, un Collectif Carpe est créé.

Sa mission ? Défendre les parcours existants, relancer la dynamique, et bâtir un dialogue durable entre les pêcheurs de carpe, les associations locales, les instances fédérales et les autres usagers. Pari réussi : aujourd’hui, la Vendée peut se targuer de proposer plus de 83 kilomètres de parcours de nuit ouverts à la pêche de la carpe !


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Véritable pilier de la pêche de la carpe en Vendée, le Collectif joue un rôle central, à la fois en coulisse et sur le terrain. Ses missions sont multiples :

  • Assurer le suivi des parcours de nuit existants

  • Réfléchir à l’ouverture de nouveaux secteurs

  • Créer des supports d’information (cartes, chartes, dépliants…)

  • Organiser des événements conviviaux et pédagogiques comme les rencontres «Convi-Carpe »

  • Participer à des animations de découverte, en lien avec les AAPPMA et la Fédération

Au fil des années, le Collectif s’est imposé comme l’interlocuteur de référence pour toutes les questions liées à la pêche de la carpe. Il participe activement aux réflexions et décisions, lors de réunions mensuelles ouvertes à ses membres.

 

Une gestion exemplaire au service de la carpe en Vendée

Quand le hasard devient une opportunité...

L’histoire de la production de carpes trophées en Vendée commence de manière inattendue. Sur un site ornithologique, le Conseil départemental introduisait autrefois du poisson pour nourrir les oiseaux piscivores. Mais certaines espèces, et notamment les carpes, ont profité d’un environnement favorable – nourriture abondante, absence de prédation – pour se développer de façon spectaculaire.

Face à l’explosion du nombre de grosses carpes et sans solution pour les valoriser, le gestionnaire du site s’est tourné vers la Fédération de pêche. C’est ainsi qu’en 2000, les lacs d’Apremont et du Jaunay ont été les premiers à bénéficier d’un empoissonnement exceptionnel, avec des sujets de plus de 10 kg.


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Cette initiative a rapidement évolué vers un partenariat structuré permettant l’utilisation du plan d’eau pour produire des carpes à fort potentiel de croissance, sur un cycle de 3 ans, entre chaque vidange. Résultat : depuis deux décennies, l’ensemble des grands lacs vendéens a pu profiter de ces poissons d’exception, qui aujourd’hui font la fierté des parcours locaux.


Et ce n’est pas un hasard : le travail de terrain mené début 2024 le confirme, les plus beaux spécimens capturés aujourd’hui sont issus en grande partie de cette production vendéenne.

À l’heure actuelle, une mortalité importante sur le site d’élevage en 2023 pousse le département à repenser sa gestion. De son côté, la Fédération envisage de diversifier ses sites de production, notamment en mobilisant ses plans d’eau en propriété, ou en exploitant certaines réserves en amont des barrages grâce à des clapets de régulation.

Quelques AAPPMA à leur échelle, réfléchissent et travaillent également sur des plans de gestion avec des empoissonnements régulier en prenant soin de sélectionner la provenance des futurs carpes trophées.


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83 kilomètres de passion : la Vendée, un terrain de jeu unique pour les carpistes

Entre 2005 et 2009, le Collectif Carpe a mené un grand travail de fond pour réorganiser les parcours de nuit, avec notamment la simplification de la réglementation et la mise en place d’un arrêté préfectoral unique. Certains parcours trop problématiques ont été supprimés, mais cette remise à plat a permis un véritable essor.

Ainsi, en moins de 10 ans, le linéaire est passé de 40 à plus de 83 km ! Grâce à l’introduction de parcours saisonniers, certains secteurs difficiles d’accès ont pu être valorisés intelligemment.

Aujourd’hui, la Vendée offre un panel varié et attractif de 63 parcours de pêche de nuit répartis entre grands lacs, rivières sinueuses et canaux secrets du marais poitevin.

Voici un aperçu :

  • 55 parcours permanents : accessibles du 1er janvier au 31 décembre

  • 8 parcours saisonniers : du 1er septembre au weekend précèdent l’ouverture du carnassier fin avril

Parmi les sites phares : les lacs du Jaunay, d’Apremont, de Mervent, ou encore les rivières comme la Sèvre nantaise, le Lay ou la Vendée.

 

Des parcours pour tous les goûts

Les lacs vendéens, majoritairement peu profonds et peu pentus, offrent un cadre de pêche typique de plaine. Quelques exceptions plus creuses comme Mervent ou Saint-Vincent-sur-Graon viennent varier les plaisirs.


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La plupart des parcours se situent sur des lacs de production d’eau potable, ce qui implique des variations importantes du niveau d’eau selon les saisons – en été, les retenues peuvent perdre jusqu’à 70 % de leur volume, notamment avec les 18 millions de nuitées touristiques enregistrées sur juillet-août en 2023.

 Nos conseils pour pêcher dans les meilleures conditions ? Visez les périodes de mars à juin, puis septembre-octobre, lorsque les niveaux d’eau sont plus favorables.


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Les parcours saisonniers : un compromis malin et apprécié

Face à la saturation des parcours permanents, le Collectif Carpe a eu une idée simple mais efficace : proposer des parcours temporaires sur des périodes creuses, notamment en hiver, quand la pression de pêche est moindre, en particulier sur les carnassiers.


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Ce système a permis d’ouvrir de nouveaux secteurs sans nuire à la cohabitation avec les autres pêcheurs. Et le retour est clair : les carpistes locaux apprécient cette flexibilité.

📍 La localisation précise de tous les parcours est disponible sur la carte interactive du site de la Fédération de pêche de la Vendée.

 

Des interlocuteurs bien identifiés, un territoire cohérent

En Vendée, près de 85 % des zones de pêche se trouvent sur des plans d’eau destinés à la production d’eau potable. Ces plans d’eau sont gérés par Vendée Eau, et pour certains en partenariat avec le Conseil Départemental. Grâce à des conventions de droit de pêche signées avec ces gestionnaires, la Fédération de Pêche de Vendée est détentrice du droit de pêche sur l’ensemble des lacs de barrage du département, contre une contribution financière annuelle. Le Département est également propriétaire de nombreuses parcelles en bord de rivière.


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Cette homogénéité des interlocuteurs représente une véritable opportunité pour garantir et sécuriser l’accès aux berges pour les pêcheurs. Toutefois, elle peut aussi devenir un inconvénient : en cas d’incivilité sur un site, les conséquences peuvent se répercuter sur l’ensemble du territoire. C’est aujourd’hui le cas avec les Espaces Naturels Sensibles, dont la réglementation interdit désormais les activités nocturnes en réponse à des abus (camping sauvage, nuisances sonores, etc.).

Des sites très fréquentés, des enjeux de cohabitation

Les plans d’eau vendéens attirent un large public, pas seulement des pêcheurs. Sentiers de randonnée, paysages préservés, calme ambiant… autant d’atouts qui séduisent aussi les promeneurs, vacanciers et autres amateurs de nature. Cette fréquentation croissante engendre de plus en plus de problèmes de cohabitation.

Autrefois peu investis, certains gestionnaires commencent à reprendre la main sur leurs lacs, en raison de leur popularité. Résultat : les comportements inadaptés liés à la pêche (installation sauvage, bruit, stationnement non autorisé, déchets…) sont davantage surveillés, et parfois sanctionnés. À terme, ces tensions pourraient mettre en péril l’accès à la pêche sur certains sites.

 

Entre succès et fragilité :  l’avenir de la pêche de la carpe en Vendée

Avec 30 000 adhérents, dont près d’un tiers pratiquent la pêche de la carpe, la Fédération de Vendée affiche des chiffres solides. La carpe y est l’une des pêches les plus populaires, et le département s’est imposé comme une destination incontournable pour le tourisme halieutique – moins pour ses records que pour la diversité et la qualité de ses parcours de nuit.


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Mais ce succès a ses revers. Dès les premiers beaux jours, les berges se remplissent. Pêcheurs, campeurs, randonneurs et autres usagers se partagent l’espace, parfois sans discernement.


L’effet boule de neige du matériel de confort

Aujourd’hui, on ne vient plus « juste » à la pêche. On y campe, on y passe ses vacances, et on s’y installe souvent comme chez soi. Le matériel suit cette évolution : barnums, tentes familiales, auvents, équipements de confort... Mais attention : ces installations ne sont pas compatibles avec les arrêtés préfectoraux encadrant les parcours de nuit vendéens. Ces arrêtés autorisent la pêche, pas le camping sauvage.


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La Fédération tente de négocier des solutions raisonnables : des abris plus intégrés, des tailles limitées, le respect de l’environnement… Mais les dérives visibles restent fréquentes : feux de camp, déchets, excréments, stationnements sur les zones interdites, moteurs thermiques… De telles infractions mettent directement en danger l’avenir de la pêche de nuit.


Agir ensemble pour préserver notre passion

Face à cette situation, la Fédération travail en partenariat avec les gestionnaires sur un projet d’arrêté préfectoral concernant les Réserves de Chasse et de Faune sauvage, sur les parcelles classées en Espaces Naturels Sensibles bordant rivières et barrages du département, et à ce titre, la prise de certaines mentions qui permettrons aux gardes pêches de renforcer la surveillance et pouvoir relever les infractions au-delà des seules règles de pêche.


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Arnaud TANGUY, directeur technique de la Fédération, se veut lucide mais combatif :

« Nous sommes à un tournant. Si nous ne trouvons pas la bonne direction, nos parcours de nuit risquent de disparaître. Certains ont déjà fermé sous la pression de gestionnaires. Il faut que l’on se discipline pour que ça continue. Rien n’est acquis. »


Perspectives : innover pour conserver

Malgré ces tensions, la Fédération de Vendée ne baisse pas les bras. Elle cherche à diversifier son offre, notamment en développant de nouveaux parcours hors barrages. Les rivières, même modestes en gabarit, pourraient accueillir des postes ou petits linéaires avec acquisition foncière, pour élargir l’offre et réduire la pression sur les sites les plus sensibles.

La pêche de la carpe en Vendée a encore de beaux jours devant elle, à condition de jouer collectif. C’est à chacun d’entre nous de veiller à préserver les berges, à respecter les règles, et à faire vivre une passion durable, en harmonie avec la nature et les autres usagers.

 


 

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