Chod-Rig : ingénierie d’un montage sans faille
- Jérome Bourgot

- 28 oct.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 nov.
Quand l’atypique devient l’arme absolue. S’il est un montage capable de bousculer les certitudes les mieux ancrées, c’est bien le Chod-Rig. Singulier, presque provocateur dans sa conception, il s’est imposé comme une arme de précision dans les situations les plus complexes. Né Outre-Manche et popularisé par le légendaire Frank Warwick, ce montage intrigue autant qu’il fascine.

Je l’ai découvert presque par hasard, au détour d’un article britannique. À l’époque, mon univers se résumait à des montages éprouvés : cheveux classiques, D-Rig, appâts denses, snowman ou pop-up, ajustés selon le substrat, la zone et l’humeur des poissons. Le Chod m’avait semblé… extravagant. Trop atypique pour mériter que je m’y attarde. Jusqu’à ce jour brûlant de juillet, où tout a basculé.
La session décisive
Canicule étouffante. J’opte pour quelques jours sur un petit plan d’eau fédéral d’environ cinq hectares, vestige d’une ancienne carrière. Un décor sauvage, quasi impénétrable : 80 % de la surface recouverte d’herbiers, des îlots inaccessibles, et des bordures comme seules zones de pêche autorisées.
Les premiers mètres offrent un fond dur, avant de plonger dans plus d’un mètre de vase molle. Un véritable casse-tête. J’avais déjà affronté ce plan d’eau sans jamais y percer le mystère. Était-ce la présentation ? Le spot ? L’approche ? Autant de questions restées sans réponse… jusqu’à cette fameuse session.
Rupture de style, révélation totale

Cette fois, je décide de tout changer. Fini le bait boat, les amorçages massifs, la précision chirurgicale. Je reviens à une approche instinctive : deux cannes, un amorçage au cobra de billes de 20 mm, et surtout, un Chod-Rig fraîchement monté.
Je vise un îlot ombragé, couvert de végétation, persuadé que la chaleur y pousse les carpes à chercher refuge. Quatre kilos de billes dispersées, un soupçon d’espoir, et je m’éloigne jusqu’au soir.
Dès mon retour, vers 19 h, les premiers marsouinages trahissent la présence du poisson. Premier lancer. Premier poser. À peine le temps de préparer la deuxième canne… départ violent !

Le combat est bref mais intense. La carpe cherche les obstacles, se débat, cède enfin. Une magnifique miroir glisse dans l’épuisette. Ce soir-là, deux touches, deux poissons. Le lendemain, un rappel d’amorçage, une nuit de repos pour le poste… et à l’aube, nouvelle salve : deux autres carpes rejoignent la berge. À 19 h 30, ultime touche, ultime frisson : une superbe cuir de 19 kg, mon nouveau record personnel.
Le Chod-Rig : la perfection dans l’irrégulier

Ce montage m’a bluffé. Aucune décroche, aucune fausse touche. Chaque départ s’est conclu par un poisson au sec. L’efficacité de sa mécanique est redoutable : une fois aspiré, l’hameçon pivote instantanément et se fixe dans la lèvre inférieure. La simplicité dans la perfection.
Quand le Chod-Rig s’impose

Zones encombrées ou enherbées
Herbiers denses, vase épaisse, débris… c’est son royaume. Inutile de chercher la trouée : les carpes s’alimentent dans la végétation, là où la nourriture naturelle abonde.
Forte pression de pêcheSur les plans d’eau saturés de montages, le Chod déjoue la méfiance. Son efficacité repose sur une mécanique imparable : une fois aspiré, impossible à rejeter.
Pêches rapides et stalkingUn pot de pop-ups, une canne, un Chod monté, une épuisette : vous êtes prêt. En quelques secondes, vous pouvez exploiter un signe d’activité. Variez les couleurs, osez la provocation visuelle.
Compétitions et longues distances
Grâce à sa rigidité et à sa compacité, il se lance à des distances impressionnantes sans emmêlement. Idéal en enduro, quand chaque mètre compte.
En “tête chercheuse” permanente
Gardez toujours une canne montée en Chod. Un saut, un remous, une bulle ? Lancer rapide, single hookbait, et bien souvent… la touche.
Un montage pour les quatre saisons

Printemps : les carpes sortent de l’hiver, méfiantes. Quelques billes dispersées et un Chod bien présenté suffisent à faire la différence.
Été : dans la jungle aquatique, il règne en maître. Ajustez la hauteur jusqu’à 1 m 50 pour survoler les herbiers.
Automne : vase, feuilles mortes, débris organiques : le Chod s’adapte et reste stable là où d’autres montages échouent.
Hiver : un single pop-up boosté sur une bordure ensoleillée peut sauver une session.
Le cousin puissant : le Hinged Stiff Rig
En rivière, canal ou grand lac, sa variante – le Hinged Stiff Rig – s’impose. Plus stable dans le courant, il conserve cette agressivité mécanique tout en offrant une présentation plus lourde et mieux ancrée.
Mes réglages signatures

Je privilégie des Chods très courts, montés directement sur la tête de ligne, entre deux perles tungstène espacées d’une dizaine de centimètres. La hauteur se règle ensuite selon la densité du substrat : de 50 cm à 1 m 50.
Plombs : Vase : 50 g maximum• Longue distance : 100 à 125 g
Les ready-chods du commerce offrent aujourd’hui une qualité remarquable et un réel gain de temps, même si je monte souvent les miens pour un ajustement parfait. Le système hélicoptère drop-off reste pour moi la référence absolue dans les zones très encombrées.
Conclusion : L’essayer, c’est l’adopter

Cette session restera gravée comme une révélation. Le Chod-Rig a débloqué une eau que je croyais stérile, prouvant qu’innovation et audace paient toujours. Ce montage, longtemps sous-estimé, m’a réappris l’essence de la pêche moderne : observer, comprendre, s’adapter. Alors si vous hésitez encore, laissez-vous tenter. Le jour où tout semble perdu, le Chod pourrait bien devenir votre meilleur allié.
Le Chod-Rig : la finesse de l’ingéniosité au service de la précision.
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